The New York Times, The Washington Post, The New Yorker, The International Herald Tribune, ce sont tous de grands journaux américains que Gillian avait lu pendant son enfance. Ses parents aimaient la lecture et lui avaient appris à aimer aussi. Elle ne remerciera jamais assez ses géniteurs de lui avoir fait découvrir cette passion. Lire c’est pour se divertir, s’informer et se cultiver, elle peut le faire pendant des heures, à n’importe quel endroit ou à n’importe quel moment cette femme lit. Cependant, cette activité qui lui plaisait tant, n’avait pas déterminé de suite son métier, en effet, Gillian s’était toujours vue plutôt dans un métier scientifique. Ce fut lorsque son père eut ce grave accident de voiture qu’elle avait commencé à écrire. Ces quelques lignes devinrent des pages puis un livre. Elle ne l’a jamais publié mais en a gardé un exemplaire. Une fois par an, elle lit cette histoire. Seule sa famille connaît l’existence de ce manuscrit. Cette lueur dans les yeux lorsqu’elle écrit reste intacte, cette passion qu’elle a, perdura toujours. Elle ne se voit pas dans un autre domaine. Quand ses enfants sont nés, elle a essayé de leur transmettre cette passion. Bien sur, elle ne souhaitait pas forcement qu’ils suivent ses traces puisqu’elle pense que chaque personne doit faire son propre chemin avec ses propres choix, mais elle voulait par-dessus tout partager avec eux ce désir. Elle avait réussit tout de même. Saphyr et Nathan aimaient lire, ce n’était pas leur passion comme leur mère or, ils appréciaient cela, c’était un loisir pour eux. Elle était fière d’elle à ce moment là.

Le couple d’amoureux était assis sur le canapé en train de regarder l’interview que Gillian avait enregistré avec ses coéquipiers lors des Championnats du Canada. Blottis dans les bras de son mari, à l’abri de tout ce qui l’entourait, elle s’observa. Elle cherchait toujours un défaut chez elle quand elle faisait son travail. Tout le monde la trouvait géniale mais cette femme était perfectionniste et cette personnalité prenait le dessus. Une fois l’enregistrement passée, une idée traversa l’esprit de son époux et il lui en fit part de suite. « J’ai une idée mon cœur ! Cette fois ci, je serai le journaliste. Je vais te poser des questions et tu vas devoir y répondre explicitement. » Sa femme lui sourit et acquiesça. Il allait sans aucun doute lui poser des questions sur sa vie et elle savait que l’homme qui lui faisait face l’interrogerait sur des points sensibles. Elle avait parfois du mal à parler de ce qui la faisait souffrir et Prescott avait toujours été là pour elle. De toute façon, Gillian aimait parler avec Ethan, elle ne l’avait pas épousé pour rien. Ethan changea d’expression et se prit au jeu. L’interview commença.


Bonjour Madame Prescott ! Aujourd’hui, j’aimerais vous interviewer car vous êtes une femme formidable et intéressante. De plus, vous êtes une grande journaliste sportive connue au Canada. Alors…comment et quand avez-vous commencé à écrire car je suppose que c’est cette passion qui vous a guidée pour devenir cette fabuleuse journaliste ?

*rire* Bonjour à vous ! C’est une question très intéressante que vous me posez. C’est un sujet délicat que vous abordez avec moi au début de cette interview mais je vais vous répondre franchement. Cette passion pour l’écriture est arrivée alors que j’avais seize ans. Bien sur, j’adorais déjà la lecture, un point très important aussi car elle fut un des éléments déclencheur. Je…en fait, le jour de ma seizième année justement, mon père devait venir me rejoindre à la maison pour fêter mon anniversaire. Sur la route du retour, alors qu’il était en train de conduire à une vitesse normale, un chauffard soul l’a percuté de plein fouet. Heureusement qu’il avait sa ceinture, c’est ça qui lui a permis d’être en vie jusqu’à aujourd’hui. Mais après cet accident, il a été dans le coma pendant plusieurs semaines, un mois plus exactement. Ce fut une période très difficile pour moi. Je suis fille unique et ma mère est décédée à mes deux ans d’un cancer donc imaginez un moment l’horreur que j’ai pu vivre. J’avais peur de me retrouver seule, je ne voulais pas être placé quelque part et surtout, j’avais besoin de mon père. Je restais près de son lit d’hôpital espérant à chaque minutes qu’il se réveille pour qu’on puisse rentrer à la maison ensemble. Le problème, c’était que je n’avais personne à qui me confier et il fallait à tout prix que je sois soulagée. D’habitude, je partageais tout avec mon père, il avait le rôle de la mère et du père et sans lui, je n’étais rien. Je n’aimais pas dévoiler mes soucis à mes amis mais je le faisais avec celui qui m’avait donné la vie car il me comprenait automatiquement. Et puis un soir, je suis rentrée chez moi pour me doucher et me reposer. En m’installant sur le lit, j’avais pris mon nouveau journal intime que mon père m’avait acheté dernièrement et sans le vouloir, j’ai écrit, encore et encore. Pendant toute la nuit qui avait suivit, je n’avais pas arrêté. Je m’étais confiée à des pages vierges qui furent remplies de phrases portant mes peines, mes peurs, mes angoisses, mes joies, mes souvenirs. Ce n’était pas une autobiographie, non loin de là mais je décrivais tout ce qui me passait par la tête, j’écoutais mon subconscient. J’utilisais l’écriture automatique. Je ne l’avais pas réalisé au début, c’est à la fin, quand j’avais finit la dernière page du journal. Ce qui devait être un journal intime était devenu un livre. Quand mon père était sorti du coma, j’avais continué à écrire et jusqu’à aujourd’hui. Et chaque année, je relis ce bouquin rédigé de mes propres mains. Seuls ma famille connaît son existence.


Triste enfance…et pourquoi avez-vous choisi le domaine du sport ? En pratiquez-vous ?

Pourquoi le sport ? D’une part, parce que dans ce domaine la censure n’est pas présente. Vous savez, être journaliste ce n’est pas facile. Quand vous en savez trop, on ne publie pas votre article. Moi je ne veux pas que ça m’arrive. Au Canada on nous nomme les vautours mais nous représentons les fouineurs, là où le mystère ce cache parfois et bien nous le découvrons et nous l’exposons soit dans tout notre pays ou soit dans le monde entier. D’autre part, je pratique l’escrime depuis ma tendre enfance, j’ai suivit les traces de mon père. Vous vous rendez compte surement qu’il est mon modèle.*rire* J’ai fait de l’escrime de haut niveau mais je n’ai pas continué car je ne voulais pas faire carrière dans le sport. C’est vrai que j’aurais très bien pu faire les deux mais je ne voulais pas. Cependant, je continue presque tous les jours d’en faire, ça me détend. Il n’y a pas que la lecture et l’écriture que me libèrent, l’escrime aussi fait parti de ma vie. Tout comme les sportifs, j’entretiens mon corps et comme ça, je suis sur que je reste plaisante pour mon cher mari.*rire et regard amoureux*


En parlant d votre mari, comment l’avez-vous rencontré puisque vous faits deux sport totalement différent ? Si ce n’est pas trop indiscret et d’ailleurs, vos deux enfant sont de bons sportifs aussi. Apparemment c’est de famille.

Ethan et moi nous nous sommes rencontrés jeunes, je faisais mes débuts dans le journalisme et je devais l’interroger après une excellente compétition de sa part. Et puis je suis tombée sous son charme. Il faut l’avouer, mon homme est quelqu’un d’exceptionnel et j’ai de la chance de l’avoir épousé. Il est tout pour moi. C’est vrai qu’on s’est marié jeune mai je ne regrette pas car mon amour pour lui ne s’affaiblit pas, au contraire, plus les années passent et plus je sens qu’on fera parti des vieux couples uniques qui n’ont pas divorcé. J’aimerais bien que cela nous arrive. Ethan fait du ski et moi de l’escrime et pourtant nous sommes mari et femme. Ce n’est pas le fait de faire même sport qui nous a liés mais la passion en elle-même. Partager une même passion c’est formidable je trouve. Cela ne veut pas dire qu’il faut qu’un couple ait les mêmes passions, la diversité c’est bien aussi mais Ethan et moi on se comprend. Je ne sais pas l’expliquer autrement. Puis nos enfants sont arrivés. Saphyr est venue au monde trois plutôt que Nathan. Mes deux amours, je les aime tant. Chaque jour j’essaye d’être une bonne mère malgré mes défauts et j’espère que je fais de mon mieux. Je leur donne des conseils quand je peux par rapport au métier que je fais, dans l’actualité sportive je les renseigne. Mon mari et mes enfants sont ma vie et je ne sais pas comment je serais s’ils n’étaient pas à mes côtés. Je n’ose même pas l’imaginer à vrai dire.

Merci à vous Gillian si je puis me permettre de vous appelez ainsi. Ce fut une courte mais intéressante interview. J’espère pouvoir vous revoir très vite…

Une fois le jeu finit. Ethan embrassa tendrement sa femme. Ils formaient un beau couple tous les deux. Espérant que le souhait de la journaliste se réalise…