Deirdre étant ce qu’elle est était obligée d’être sélectionnée à son entretien avec l’université de Californie. Son parcours est un de plus connus dans les juniors en éducation. Il faut dire que Deirdre ne pratique pas l’équitation que pour le plaisir (bien qu’elle pourrait se lever à quatre heures du matin pour passer des heures à s’occuper de sa monture) mais surtout pour gagner les compétitions et les couples. Alors bien sûr, elle est l’une des meilleures et ça, l’université le sait. Lors de son entretien, elle a su montrer sa motivation avec une arrogance rare. Elle a affirmé qu’elle n’aurait jamais de coup de blues car elle n’essuierait jamais de défaite. C’est sans doute culotté mais le fait qu’elle ait été meilleure que l’élève de première année face à qui elle s’est mesurée à peser son poids dans la balance. Son entretien a donc été une grande réussite et elle a reçu sa lettre d'admission quelques semaines plus tard.

« A quoi tu pensais ? Je peux savoir ? » La jeune femme regarda sa mère une seconde avant de soupirer et de détourner le regard. Cette discussion l’ennuyait. L’ennuyait sérieusement. Elle n’avait rien fait de mal… Ou du moins, rien de ce qu’elle avait fait n’avait fait de mal à personne alors où était le problème ? Est-ce qu’elle ne pouvait pas juste passer l’éponge. « Deirdre ! Est-ce que tu écoutes au moins quand je te parle ? » « Oui maman, je t’écoute. Tu disais que je suis irresponsable, que je ne pense qu’amuser et que je vais être sérieusement punie pour ce que j’ai fait. » La blonde avait roulé des yeux en énonçant les propos de sa chère maternelle. N’allez pas croire un instant que les rapports entre mère et fille étaient compliqués. Ils étaient juste normaux ou disons logiques. Une adolescente de 18 ans en proie à un conflit avec sa mère, c’était des plus fréquents, ça ne pouvait pas en être autrement pour tout dire. « Ne me parle pas sur ce ton là ! Je n’arrive pas à y croire, je n’arrive tout simplement pas à y croire. » La femme passa une main dans ses cheveux et Deirdre nota qu’il y avait sa veine ‘Martha’ sur sa tante droite qui palpitait violemment. C’était le cas quand sa mère était en colère, ce qui arrivait rarement mais tout de même de temps en temps. La dernière fois que Deirdre l’avait vue, cette Martha, c’était quand sa mère avait jeté un verre en cristal sur son père après qu’elle ait découvert qu’il la faisait cocue depuis plus d’un an avec sa jeune secrétaire. La blonde avait alors seize ans et avait à cette époque détesté son père jusqu’à ce que ce dernier lui paie un cheval de compétition pour se faire pardonner. Ca avait suffi à la jeune femme pour lui excuser son comportement. Il fallait dire que dans le monde de Deirdre, presque tout pouvait s’acheter, surtout son affection. La blonde était une personne vénale et superficielle la plupart du temps et il n’y avait pas beaucoup de choses qui retenaient son intérêt. Cela se comptait sur les doigts de la main. Les fêtes, l’équitation, la victoire et évidemment l’argent (et accessoirement la mode). Ce n’était pas que la blonde n’aimait pas sa famille et ses amis, au contraire, elle était juste accès sur sa réussite et son plaisir à elle. Elle était un peu plus égoïste que la moyenne des gens, voilà tout. Bref, tout cela pour dire que Martha était de sortie. Bien sûr, Deirdre avait cinq ans quand elle avait appelé la veine de sa mère ainsi. Pour la petite histoire, elle avait une tante acariâtre qui vivait à dix kilomètres de chez elle et qui ne pouvait pas passer une seule seconde sans se plaindre et insulter quelqu’un. Quand sa mère se mettait en colère, elle lui ressemblait étrangement dans les gestes et les mimiques si bien que la blonde avait nommé la veine ainsi qui rendait sa génitrice comme sa tante. Le nom était resté après toutes ses années. « Pourquoi tu as fait ça Deirdre ? C’était totalement inconscient et dangeureux. » [color=orangered] « Je n’avais pas peur. »[ color] Se justifia la jeune femme. « A t’entendre, tu n’as jamais peur de rien Deirdre. » Ce n’est pas faux pensa la jeune femme. Rien ne l’avait jamais effrayée. Le noir, le croque-mitaine, l’orage, les araignées, toutes ces choses ridicules qui terrorisaient les enfants ne lui avaient fait ni chaud ni froid. Même aujourd’hui, elle se vantait de n’avoir peur de rien. Elle aurait pu se retrouver suspendue à un fil à cent mètres d’altitude qu’elle n’aurait toujours pas eu peu. La seule chose qui l’effrayait était de perdre. Ca, c’était sa phobie. « Il n’y avait pas de danger, c’est ridicule d’en faire tout un plat. Le cheval s’est un peu excité mais… » « Un peu ? Deirdre ! Il a failli te piétiner. Et se blesser aussi. A quoi tu pensais ? Il était sauvage, tu le savais. » Bon d’accord, le cheval l’avait manquée de peu mais elle n’avait que deux malheureuses égratignures aux coudes et le cheval avait fort heureusement les barbelés et n’avait rien. Et oui, elle savait qu’il était sauvage. C’était pour cela que tout avait commencé. « Barbara Perkins a dit que je n’oserais pas l’approcher. Elle a même été dire qu’elle le ferait mieux que moi mais l’idée d’approcher le cheval l’aurait fait pisser dans son froc. » « Langage ! Alors c’est pour ça ? Toute cette histoire, c’est encore un de tes défis. Quand apprendras-tu à dire non ? Tu vas finir par te blesser pour de bon un jour. » Deirdre croisa les bras en signe de rébellion. Il n’était pas venu le jour où elle dirait non à un défi. La vérité était que la jeune femme était terriblement arrogante et détestait perdre. Elle pouvait tout faire mieux que tout le monde. Elle pouvait courir plus vite, frapper plus fort, nager sans respirer plus longtemps, elle était la meilleure dans toutes les catégories. Ses chevilles étaient sans doute aussi les plus gonflées de la planète. Deirdre avait un égo à toute épreuve et voulait toujours montrer qu’elle était la meilleure dans tout et n’importe quoi. Elle qui détestait bosser ses cours pouvait travailler toute la nuit si c’était pour montrer qu’elle était capable d’avoir un A+ sans problème. C’était comme cela depuis qu’elle était toute petite et c’était son trait de caractère principal. C’était pour s’assurer de pouvoir être la meilleure partout qu’elle s’était mise au sport. Natation, foot, basket, danse, gym, athlétisme, judo, elle avait tout essayé mais l’équitation… Il lui arrivait encore de nager, de courir, de danser mais le cheval, c’était sa vie, son souffle, sa passion. Elle ne vivait que pour le moment où elle franchissait l’obstacle le plus difficile du parcours, ne faisant plus qu’un avec sa monture sous les applaudissements de la foule. Pour ça, elle aurait pu tout faire, quitte à vendre père et mère. C’était sans doute le problème avec Deirdre, elle était sans demi-mesure. Elle faisait ou tout rien mais pas la moitié, ça elle ne savait pas faire ce qui lui attirait parfois un certain nombre d’ennui. Comme aujourd’hui. Sa mère n’avait pas l’air de décolérer mais Deirdre n’était pas prête à admettre qu’elle avait fait quelque chose de mal. Un silence pesant s’installa pendant plusieurs minutes avant que la mère de la jeune femme ne soupire. Elle n’aurait jamais raison avec sa fille. Elle roula des yeux avant de se lever et d’aller chercher une enveloppe posée sur la console dans l’entrée. Elle la tendit à sa fille qui la prit sans piper un mot. « Ce sont les résultats de ton entretien à l’université de sport. Vu l’épaisseur de l’enveloppe, je pense que tu es prise. Ne gâche pas tout. » Elle vit une lueur de joie passer dans les yeux de sa fille qui se hâta d’arracher le pied. Elle secoua la tête un instant. « Et inutile que tu vas être punie pour cet enfantillage… » Mais Deirdre ne l’écoutait déjà plus et retenait un cri joie alors qu’elle venait d’apprendre qu’elle avait été reçue dans l’université de son choix et qu’elle allait désormais tout faire pour devenir une des meilleures cavalières au monde. En fait non. Pas une des meilleures. LA meilleure.