La Quest University. Enfin. J'ai cru que jamais je n'y arriverais mais c'était hors de question que j'aille ailleurs. Mon père étant sauteur à ski et ma mère skieuse de fond, le combiné était le bon compromis et ça a toujours été ma passion. Montée sur des skis à 2 ou 3 ans, c'est décisif, croyez-moi.
Bref, toujours est-il que lorsque la Quest University a ouvert au Canada, il était évident que je DEVAIS y entrer. J'ai donc travaillé très dur et alors que je participais à une compétition à Vancouver, j'en ai profité pour aller déposer ma candidature... C'était l'année dernière. Je me concentrais ensuite sur mes études pour obtenir l'équivalent du BAC en Allemagne tout en continuant à pratiquer le combiné nordique au niveau national. Ayant terminée première de la dernière coupe nationale féminine et dans les vingt premières au niveau continental, je ne fus pas si étonnée de recevoir une lettre de l'université canadienne m'informant que le directeur McGregor souhaitait me rencontrer... Une légende cet homme. Je me rendis donc dans les plus brefs délais au pays du froid pour un entretien plutôt... Particulier.
En effet, alors que je fumais une dernière cigarette (petite manie que j'avais quand je stressais - sauf avant les compétitions bien sûr !), un homme m'arrache la cigarette des mains et en me détaillant me dit :

«Fumer, c'est mauvais pour la santé. Tu ne seras jamais au plus haut niveau en continuant.
- Je suis déjà championne de ma catégorie... lui répondis-je du tac au tac.
- Vraiment ? Adriane Sklett je présume ?
- Touché ! Et vous êtes...?
- Le directeur de cette université, mademoiselle.
- Oh... Je... Je suis désolée Mr. McGregor je ne vous avez pas reconnu... Vous êtes plus impressionnant en vrai que ce que je ne pensais. Peut-être un peu moins grand tout de même...
- Je vois que vous êtes plutôt sûre de vous jeune fille. Attention à ce que cela ne devienne pas trop exubérant.... Mais entrez-donc.»

Et voilà. Un entretien qui débute mal mais qui se termine, un mois plus tard, avec une lettre d'entrée à la Quest University. Il faut croire que je sais montrer ma motivation quand je le veux...

«Adriane ! Adriane !
- Oui Tomi ?
- Tu peux répondre à quelques questions ? C'est pour le journal du lycée et vu que tu n'es pas souvent là...
- Bien sûr ! Viens on va s'asseoir.»

Adriane et Thomas (surnommé Tomi) s'assirent côte à côte sur le banc et le jeune homme sortit son microphone pour enregistrer toutes les réponses de son amie.

Thomas : Alors, tout d'abord, peux-tu nous expliquer un peu d'où tu viens ?

Adriane : Bien sûr ! Alors, comme tu dois le savoir, mon père est un sauteur à ski norvégien et ma mère une fondeuse allemande. Je suis donc née en Norvège mais j'ai à peu près toujours vécu en Allemagne même si je me rends souvent à Oslo voir ma famille paternelle. J'ai donc la double nationalité depuis toujours...

T : Très intéressant... Et je sais que tu fais du ski depuis que tu es très jeune mais peux-tu nous en dire plus sur ton enfance en général ?

A : Alors, déjà, je suis née le 7 Janvier 1993 à Oslo comme je viens de le dire. J'ai un grand frère que tu connais, Johan, et j'ai toujours été la petite dernière, presque la petite chouchoute de toute la famille. Je n'ai pas vécu dans le luxe mais dans un milieu quand même assez aisé. A peine j'eus 2 ans que mes parents me mirent sur des skis... On évitera d'ailleurs de montrer des photos ou des vidéos, ce n'est pas très glorieux ! (rire) J'ai passé la plus claire partie de mon enfance en Allemagne à Oberstdorf. Pourtant, je partais souvent en voyage durant la saison d'hiver puisque mon père continuait la compétition contrairement à ma mère. Même en saut à ski, j'étais la petite chouchoute des autres sauteurs... Leur petit porte-bonheur si on peut dire... Ensuite, j'ai du aller à l'école et j'ai commencé à me rendre de moins en moins aux compétitions mais dés que j'eus sept ans, je repris le ski et le saut à un plus haut niveau. C'est là que la passion du combiné m'est venue et d'ailleurs, on peut résumer le reste de mon enfance à ça : entraînement en saut et ski de fond. Je voulais devenir la meilleure et ça n'a pas changé !

T : Alors, ton enfance, c'est tout ce que tu peux nous en dire ? Ta découverte du combiné ? Rien d'autre...?

A : Hum je vois de quoi tu veux parler... La mort de mon parrain ? Oui, je l'avoue, ça m'a grandement touché même si ça remonte à cinq ans... Un accident de voiture et il n'a pas survécu. Ca m'a grandement atteint et pendant un moment, je me suis demandé si j'allais continuer le saut à ski puisqu'il faisait partie de cette discipline mais tout le monde m'a encouragé à continuer en sa mémoire et c'est ce que j'ai fait en me promettant de lui rendre hommage quand je serais championne du monde voir olympique...

T : Tu vises donc le plus haut niveau ? Tu as toujours su ce que tu voulais ou as-tu déjà hésité ?

A : Comme je l'ai dit, je n'ai connu le combiné qu'un peu avant mes dix ans mais ça a tout de suite été une évidence. C'est ça que je voulais faire, rien d'autre. Bien sûr, j'ai d'autres passions mais ce sont des passe-temps. Le combiné, c'est ma vie je ne me vois pas faire autre chose et oui, je suis bien décidé à atteindre le plus haut niveau et c'est pour cela que je veux rentrer à la Quest University...

T : Ah ! L'université... Parle nous donc de ton parcours scolaire... Il est atypique à cause de tes compétitions, non ?

A : Bien sûr. Au départ, les compétitions n'avait lieu que le week-end mais très vite, durant la saison d'hiver, j'ai du prendre mes cours en alternance. Je les prenais par correspondance l'hiver et au lycée ou au collège le reste du temps... J'ai pourtant de bons résultats mais les entraînement et les compet', ça prend du temps forcément... Du coup, quand j'ai entendu parler de la Quest University à Vancouver, j'ai décidé que je DEVAIS y aller ^^

T : Justement, peux-tu nous donner des infos en exclusivité sur ton acceptation ou non ? Et si oui, comment comptes-tu gérer la coupe nationale et le fait que le Canada est de l'autre côté de l'Atlantique ?

A : Petit curieux... Alors oui, tu es le premier à le savoir, je suis officiellement admise. J'en suis d'ailleurs très heureuse ! Quand j'ai appris ça, j'ai sauté partout chez moi en hurlant mais encore une fois, il n'y aucune vidéo pour m'éviter la honte que cela pourrait entraîner... Pour ce qui est de la coupe nationale, je vais sûrement l'arrêter et participer à des compétitions Outre-Atlantique... Qui sait, si j'ai un très bon niveau, peut-être me proposera-t-on une place en coupe du monde ? Et pour ce qui est de l'éloignement, je ne m'inquiètes pas trop... Je reviendrais souvent en Allemagne et en Norvège, comme à mon habitude.

T : D'accord, merci beaucoup Adriane d'avoir répondu à ces quelques questions et bonne chance pour ta future carrière de championne !

A : Merci à toi !

Thomas éteignit son microphone et les deux jeunes gens commencèrent à discuter et rire ensemble avant que la sonnerie ne retentisse et que chacun ait à rejoindre sa classe. Et voilà donc Adriane partie, à la rentrée suivante, pour la plus grande aventure de sa vie !